De commencement en commencement, sur la scène du monde,
Rideaux tirés, trois coups rituels frappés...
Une « expérience sans expérimentateur »,
Inscrite dans le tréfonds du cœur de l’homme, s’épanouit.
Fragilité assurée. Nudité exigée.
Présence.
*
Un fil d’or, tiré depuis un temps immémorial,
À travers les traditions religieuses, initiatiques
Et les « spiritualités sauvages »,
Tisse une étoffe unique !
Singularité naturelle.
*
Personnage anonyme dans la quotidienneté dorée.
Perlé de mystère. Serti d’humilité.
Sculpté par le bon vouloir de l’inspiration.
Il chemine.
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Sans volonté particulière, à la surface du monde,
Le témoin traverse un désert….
Parfum d’humanité assumée.
Peau de chameau et feu dévorant.
*
Solitude appesantie. Dans la coupe de son cœur,
Une soif insatiable brûle inlassablement
Les scories de l’ignorance. Purification oblige.
Noble ambition d’être.
*
Animé par un amour exclusif,
Peu fréquentable par l’homme du commun,
Il se tient à l’écart.
Mais un vertige énigmatique se propage insidieusement.
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Attraction souveraine.
Connivence entre la forme et le fond.
Seul le Regard s’affiche.
Une source fraîche sourd du caillou de la personnalité.
Le miel ambré de la pierre, enfin délivré…
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Amours désordonnées à la Dionysos !
Oubli de Soi et retour au pays, à l’image d’Ulysse !
Enfantement étoilé,
Issu d’une pluie d’or à l’instar de Persée !
Voleur de feu à la Prométhée !
Tête vagabonde chantant l’Amour
Jusque dans les enfers à l’égal d’Orphée !
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Rien que de la bienheureuse banalité.
Rien que de la démesure ordinaire.
Le vif-argent du fol amour !
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La justesse du mot jette un pont
Entre deux rives incertaines.
L’opacité aimée s’offre en partage.
Le manteau d’étoiles s’effeuille.
L’aurore aux doigts de rose se lève.
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Chaque crise existentielle
Délivre son baptême impromptu.
La ligne d’horizon,
Lasse de fuir le regard amoureux,
se donne enfin.
*
Feu sacrificiel, silence religieux,
Fumée d’encens, pétales de fleurs…
Ravissement discret d’un soleil immobile.
L’instant se fait murmure, psalmodie.
La flamme vacille dans l’immensité obscure
De l’instant présent.
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Anciennement enchaînée à un rocher,
Une intelligence spontanée, est offerte !
Pour mieux goûter le silence,
Elle se fait parole de sagesse.
Elle se divertit en posant des mots d’amour
Sur chaque chose perçue, imaginée, aimée.
*
Curieuse, voyageuse, passante.
Délicieusement foudroyante.
Rusée assurément. Insaisissable, elle est.
Inventivité du premier matin,
Au service du maintenant.
*
L’homme, le deux fois né, se lève.
Fruit de la vastitude.
Héritier de la verticalité.
Il chemine bravement.
*
L’univers attendait depuis si longtemps de se miroiter
Dans le cœur d’une conscience éveillée.
L’incarné de service, offrande consentie,
Au contact de son nom secret, devient enfin… “HOMME !”.
*
Texte écrit pour le livre de Charles Coutarel “Éveil ou la Vie ne meurt pas” aux Editions Aluna.